Pas à pas... خطوة بخطوة

بحوث في النَفَسِيّة

إنسياق متموضع

Recherches Spirites


Dérive situationniste


« Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la loi »

« ولادة ثم ممات ثم ولادة مجددا مرة بعد أخرى، فتطور دون هوادة؛ تلك هي سنة الحياة !»

De l'âme à l'Esprit من الروح إلى النفس

خلافا لما يذهب إليه البعض، من باب التعريب الحرفي، من ترجمة Spiritisme إلى الأرواحية، فإني أعتقد أن أفضل ترجمة لهذه الكلمة هي ما ارتأيت وكما أبينه في هذه المدونة؛ فالترجمة الأفضل لكلمة Esprit هي النفس، بينما تبقى الروح مرادفة لكلمة Âme؛ وبذلك يكون التعريب الآصح لكلمة Spiritisme هو : النفسية، بتحريك النون والفاء.

SPIRITISME POSTMODERNE (7)


L'espacesprit,
nouvelle dimension spatio-temporelle
Considérations à la lumière de la théorie scientifique

    On connaît la thèse de Diderot de la sensibilité, propriété générale de la matière, ce matérialisme enchanté qui est bien moins une vérité expérimentale, un précipité de l'empirie, qu'une hypothèse hardie dont l'objectif est d'inspirer l'expérience scientifique.
    Or, j'ai à faire ici une hypothèse utile à la manière du matérialisme expérimental diderotien. On verra, d'ailleurs, que les deux intuitions ne sont pas éloignées l'une de l'autre, la nature comme pur dynamisme qui fonde cette sensibilité générale de la matière trouvant une autre expression dans la nouvelle dimension proposée ici. 
    En effet, nous avons l'intuition que l'espacesprit (que nous avons présenté dans une chronique précédente) est une nouvelle dimension de l'espace-temps, étant un espace intégré où se fondent les esprits, visibles et invisibles, et le temps spiralesque tel que la postmodernité permet de le redécouvrir, un temps loin du linéarisme qu'a inspiré la modernité.
    En postmodernité où la spiritualité retrouve toutes ses lettres de noblesse, les dimensions héritées de l'ère moderne ne suffisent plus. L'espace-temps classique est trop rétréci pour donner une vision exhaustive et une appréhension complète de l'environnement dont on fait partie comme dans un système où on agit autant qu'on est agi dans l'écosophie postmoderne.
    En plus de la hauteur (ou longueur), de la largeur et de la profondeur qui ne sont adaptées qu'au visible et à l'évaluation de ses figures et de ses solides, même la quatrième dimension qu'est le temps ne saurait rendre compte de la présence parmi nous, en notre propre milieu, des êtres invisibles, tous les invisibles, non seulement ce qu'on appelle, chez les spirites, les désincarnés et que je propose de nommer les Esprits mouvants, ayant quitté l'inertie de l'incarnation pour revenir au mouvement incessant du cosmos.
    En cela, l'espacesprit est une nouvelle dimension, non pas cinquième du nombre, mais en tant qu'une dimension d'ensemble englobant les autres. C'est ainsi une sorte de dimension holiste, globale et globalisante. En prendre acte, c'est avoir conscience de ces « objets réels que la nature nous cachera éternellement », comme le soutenait Henri Poincaré dans La Science et l'Hypothèse.
    C'est d'ailleurs cette affirmation que le physicien d'Espagnat a choisie pour illustrer sa thèse du "réel voilé", que nous avons évoquée dans notre précédent article, promettant d'y revenir. Et nous y reviendrons un peu plus loin.
    Disons dans l'immédiat que, pour bien comprendre notre nouvelle dimension qu'est l'espacesprit, il nous faut avoir forcément une autre notion du temps, de la vie et de la mort, entre autres. Dans cet espace fait d'esprits visibles et invisibles, inertiels et mouvants, la frontière n'existe que dans nos têtes, elle est une sorte d'élusivité, ce mot tiré de l'anglais "elusiveness", qui pointe une capacité encore inexplicable à rendre impossible toute tentative d'objectivisation et qui pourrait être le propre d'une intelligence à l'oeuvre dans les phénomènes qui nous échappent encore.
    Notons, à propos de cette élusivité que les chercheurs, au moins en parapsychologie, commencent à s'y intéresser pour tenter d'expliquer scientifiquement les phénomènes paranormaux. Prenant au sérieux ce phénomène, ils l'intègrent désormais dans leurs modèles théoriques et hypothèses expérimentales. Certes, ils n'ignorent pas que, ce faisant, ils se retrouvent confrontés à cette part irréductible de spiritualité toujours rétive à la méthode technico-scientifique d'explication. Toutefois, ils pensent qu'en mettant l'accent sur ce qui caractérise la vraie science, à savoir son ignorance, ils peuvent, en se penchant sur les conditions précises de survenue de ces phénomènes, limiter ladite ignorance et mieux comprendre ces phénomènes, leurs causes et leurs effets pour finir, peut-être, par prouver expérimentalement l'élusivité. Ce faisant, en tout cas, ils assument les limites de la vision scientifique séparant d'une manière stricte et excessive le système observé et le système observant. 
    Aussi, certaines expérimentations actuelles englobent bien une vision d'ordre spirituel que la théorisation techno-scientifique ne peut ni récuser ni accepter. Car, qu'est-ce que la spiritualité sinon l'ignorance par la science des conditions précises de survenue de phénomènes réels que l'intuition permet pourtant d'entrevoir et de comprendre? Certes, l'intuition n'est pas la science, mais n'est-elle pas à la base de la science? Ne vient-elle pas d'une observation poussée de cette réalité qui échappe à la science? Combien de découvertes scientifiques n'ont-elles pas eu à la base une pure intuition, une illumination spirituelle?
    Aujourd'hui, les sciences tiennent finalement compte de la dimension spirituelle. Ainsi, la médecine l'intègre dans ses protocoles; sans parler de la science tout court, toutes ses branches n'hésitant plus à en faire un moyen complémentaire du savoir, supposant l'expérimentation et la preuve pour peu que l'on ne dédaigne pas l'existence de l'inexistant, soit ce qu'on suppose inexistant sans le prouver. Ce qui n'est nullement scientifique.
    Car la science ne peut tout expliquer; elle s'attache aux phénomènes, ses modèles d'explication relevant pour tout ce qui reste d'inaccessible du phénoménal, ce qui autorise certains à recourir à une démarche idéaliste pour accéder à ce réel fuyant. Et cela se vérifie même en physique quantique.
    Nous savons, en effet, avec la mécanique quantique qu'observer un système sans le perturber était impossible. Le fondateur de cette théorie, Max Planck soutenait même qu'il existe un monde extérieur indépendant de nous, que ce monde ne nous est pas directement accessible et que nous imaginons des modèles qui nous servent de représentation physique de cet inaccessible.
    On connaît aussi les relations d'incertitude (ou principe d'indétermination) de Heisenberg qui affirme que l'on ne peut parler du comportement de la particule sans tenir compte du processus d'observation. Ce qui veut dire que les lois naturelles que formule mathématiquement la théorie des quanta ne concernent nullement les particules élémentaires en elles-mêmes mais bien la connaissance que l'on se fait d'elles.      
    Ainsi arrivons-nous à notre ami d'Espagnat. Que dit le célèbre physicien?
    Confronté aux options partageant la science aujourd'hui, l'option réaliste et l'option idéaliste, il opte pour une attitude de raison, une sorte de réalisme ouvert avec ce qu'il appelle le « réel voilé ».
    Reconnaissant que la science qui n'a plus l'aura du temps de la Modernité, n'étant plus l'alpha et l'oméga de tout savoir, n'expliquant que ce qu'elle peut connaître et ses connaissances restant réduites par rapport à l'immensité de son ignorance, il estime que le champ de la science reste forcément enserré dans les limites d'une réalité — ou ce qui est supposé comme telle — fondamentalement indépendante de l'esprit et pouvant lui résister, contrecarrant même ses concepts et catégories toujours soumis à l'occurrence de ce que Gaston Bachelard appelle le fait polémique venant ruiner une vérité canonique.
     Argumentant donc en faveur d'une sorte de « réalisme ouvert » à l'opposé de l'idéalisme pur et dur, Bernard d'Espagnat propose sa belle métaphore du réel voilé. Schématiquement, cela consiste à dire que la science porte sur une réalité indépendante de l'esprit, une réalité qui parfois reste récalcitrante à l'esprit, le forçant même à rectifier ses catégories.   
    En scientifique qui se respecte, M. d'Espagnat sait placer la science à sa vraie place en rappelant, pour résumer à l'extrême sa pensée, que si la réalité, toute la réalité, n'est pas explicable, le réalisme ou l'attitude réaliste ne sont pas nécessairement faux sinon on serait amené à considérer les réussites techniques et les prouesses technologiques de l'esprit scientifique comme ne relevant que de l'ordre du miracle; ce qu'ils ne sont pas, bien évidemment.
    Cela nous ramène à cette évidence que c'est la pensée, manifestée par l'idée, qui fait l'essence de la réalité ou, pour le moins, une part de cette réalité dont l'esprit humain ne peut douter. Descartes, déjà, ne faisait-il pas de l'acte d'intuition rationnelle le critère de la vérité qui n'est donc que cette évidence de la pensée?
    Nous pensons que la primauté de la pensée chez l'homme est une proposition indémontrée et indémontrable, mais qui s'impose à l'esprit par son évidence comme un axiome mathématique. On devrait même en faire une sorte de neuvième axiome à rajouter ceux bien connus d'Euclide, et qui serait : « la pensée est autre chose que la matière ».
    Et de cet axiome, nous proposons d'admettre — certes d'une façon indémontrée et indémontrable, étant la condition de possibilité de notre démonstration — le postulat suivant : « la pensée survit à la matière ».
    Bien évidemment, on peut refuser notre postulat qui n'est qu'une convention commode, mais on ne peut refuser notre axiome sans tomber dans l'absurde. Aussi, si nous disons que la pensée est pour nous l'esprit et que donc l'esprit n'est pas la matière, on reste dans le cadre de l'axiome et ses implications.
    Maintenant, si on va plus loin en affirmant que l'esprit survit à la matière, on peut risquer légitimement la contestation. Toutefois, si on pousse encore plus loin le raisonnement, en soutenant que, du fait de ce qui précède, la pensée est immortelle et qu'ainsi est l'esprit, relève-t-on toujours de l'ordre de l'axiome ou du postulat? N'y a-t-il pas de la cohérence et un véritable accord logique entre ces propositions? Et dans les sciences formelles, le seul critère de la vérité n'est-il donc pas la cohérence? Nous y reviendrons.
    Demandons-nous, pour l'instant, s'il s'agit ici d'une évidence rationnelle, celle dont parlent Euclide et Descartes, ou d'une évidence sensible, juste constitutive de ce qu'on appellerait la connaissance vulgaire? Et, ce faisant, ne perdons pas de l'esprit que Descartes lui-même concédait déjà la difficulté à reconnaître sa vérité, qu'il prit soin de loger à une hostellerie dont on ne connaît pas bien l'adresse, selon la boutade de Leibniz!
    Car la question déjà entrevue avec d'Espagnat reste entière : a-t-on accès au réel tel qu'il est en soi, si tant qu'il existe, sans intervention de notre part, de notre manière de le percevoir et de l'organiser?
    En sciences sociales, on n'ignore plus l'influence des instruments de mesure sur les modélisations théoriques, et on sait que les hypothèses fondatrices ou paradigmes y sont régulièrement revus aux moments des crises régulières qui ne sont qu'un passage d'un paradigme à un autre, confirmant notamment l'obsolescence des anciens instruments de mesure et d'interprétation.
    Et dans ce remue-ménage incessant, à la fois conceptuel et épistémologique, que de remaniements théoriques où l'anomique d'hier mue en canonique d'aujourd'hui et où les contradictions, dans le cadre d'une conception dite contradictorielle, se découvrent être des complémentarités! Ainsi en a-t-il été de la lumière par exemple, passant de la théorie corpusculaire comme étant composée de ces particules que sont les photons, au modèle ondulatoire, pour finir en cette synthèse qu'est la mécanique ondulatoire. 
    Il nous faut donc admettre que ce qui est scientifique porte bien sur une réalité qui est indépendante de l'esprit humain. Et une telle réalité ne se laisse pas informer arbitrairement par la structure de l'esprit humain; elle lui impose d'être toujours prêt de changer ses catégories et ses modèles. Le tout étant soumis non seulement à une théorie qui doit respecter des règles de cohérence interne, mais devant se soumettre à l'expérience et en rendre compte de telle sorte que celle-ci ne contredise pas celles-là ni n'entre en contradiction avec elles.
    Est-ce à dire qu'il s'agit de vérification, l'idée vraie, scientifiquement avérée devant être vérifiée? On se rappelle que Poincaré considérait que la science doit parler du réel et correspondre à des sensations effectives; est-ce que la cohérence y pourvoit? On sait aussi que, dans les sciences formelles, le seul critère de la vérité reste la cohérence. Et on sait, pareillement, que la vérification est fondamentale dans les sciences empirico-formelles basées sur la méthode expérimentale.
    Nous considérons donc que le point de départ de tout savant demeurant l'observation des faits et que son point d'arrivée étant le contrôle par ces mêmes faits de l'idée suggérée par eux, on ne peut épuiser tous les faits. En effet, par définition et contrairement à l'énoncé scientifique qui est universel, l'expérience testant sa véracité reste forcément de nature particulière. Aussi, aura-t-on toujours la possibilité d'avoir ce fait polémique bachelardien venant contester l'universalité de l'énoncé scientifique! 
    C'est, au demeurant, ce qui amena Popper à substituer le critère de falsification à celui de vérification. Ce qui revient à dire que seules les vérités scientifiques peuvent être falsifiées, toutes les autres, notamment les vérités métaphysiques, ne pouvant l'être par principe. Ainsi, si « la théorie n'a pas été réfutée, elle n'a pas été et ne pouvait être prouvée »; et pour cela, elle est scientifique.
    Pour Popper, le critère de distinction de l'énoncé scientifique d'un énoncé qui ne serait que métaphysique ou idéologique est la possibilité de falsifier l'énoncé scientifique, car la théorie scientifique reste approximative, approchée, mais jamais une vérité absolue.   
    Cela nous permet, par conséquent, d'avoir une autre vision de la vérité scientifique, nous amenant à nous demander si l'on pourrait dénicher la vérité ailleurs que dans l'universalité des faits. Si celle-ci pouvait se retrouver dans la conscience morale ou les sentiments, par exemple? En un mot, si la culture des sentiments par exemple, une notion importante en sociologie compréhensive, était de nature à fonder ce que j'appellerai une science du coeur?
    Commençons par rappeler que la prétention à l'universalité scientifique est justifiée du moment qu'elle aboutit à cette connaissance faisant l'accord des esprits. Il en est ainsi des mathématiques, de la physique où on peut produire des théories démontrables, comme dans le cas des sciences formelles, ou falsifiables, comme c'est le cas dans les sciences expérimentales. Hors cela, n'a-t-on pas affaire qu'à de la croyance, soit une vérité manquant de critères infaillibles, exigeant l'argumentation?
    Or, comme il ne peut jamais y avoir de critère infaillible de la vérité et que le sentiment reste la seule chose infaillible en l'humain, malgré ses variations, sa versatilité et ses subjectivités, tout y revenant et tout en partant, ne faut-il pas chercher à cultiver pareil sentiment en vue d'en faire une science? 
    De cette façon, n'aurait-on quelque légitimité à dire que c'est à la culture des sentiments qu'il nous faut nous adonner, elle seule étant la chose universelle par excellence aux humains, et donc susceptible de revêtir les caractéristiques d'une véritable science?
    Car le sentiment, au-delà de l'état affectif, la représentation que l'on se fait en réaction émotive, n'est-il pas cette impression, cette sensibilité, cette sensation de notre durée hors du corps, de notre permanence en tant qu'esprit en dehors de notre corps?    
    Entre sentiment subjectif, métaphysique et sentiment et objectif, scientifique n'y aurait-il pas cette même différence entre la croyance et la foi dont le neurobiologiste, membre de l'Académie de médecine Jean-Didier Vincent dit ce qui suit : « la croyance est une fatalité du cerveau qui fait qu'on est attaché à des objets ou à des situations qui n'existent pas. La foi est, au contraire, un acte totalement rationnel qui résulte d'une quête d'amour, la seule vérité qui compte». (Interview à la revue La Vie, numéro du 9 août 2012, pp. 42-43). Et d'ajouter : « la foi est une nécessité... le jour où la science sera partout, la croyance n'existera plus, au contraire de la foi. » 
    En théorie de la vérité objective, tout n'étant, scientifiquement, qu'opinion, le savoir humain demeurant fondamentalement incertain, la vérité reste donc l'accord de ce que l'on énonce avec les faits, que l'on sache ou non en quoi consiste cet accord. Elle suppose d'y croire, lui accorder la crédibilité, d'en avoir une conviction qui soit profonde impliquant, parfaitement comme dans la foi, le coeur et l'esprit d'une façon totale.
    C'est que cette théorie scientifique, serait-elle pleinement achevée, on ne pourrait jamais le savoir avec certitude puisqu'il n'y a aucun critère infaillible de la vérité, l'erreur ne pouvant jamais être exclue.
    Surtout que la vérité n'existe pas en un tout se possédant, n'étant qu'une «vers-ité» : une orientation, un horizon vers lequel se tourner. Popper parle de «vériproximité» ou de «vérisimilarité» comme étant une similarité et une proximité avec la vérité. Je préfère garder ma notion d'orientation qui suppose l'inexistence de la vérité en tant qu'objet, mais d'espace, une telle limite n'étant qu'apparente, sans cesse repoussée par-devers nos sens, une vue toujours renouvelée, jamais définitive ni définitivement caractérisée. Aussi le scientifique, le véritable chercheur est celui qui ouvre des horizons.
    C'est donc d'une distance que nous nous devons nous accommoder avec le réel, la réalité ou la vérité. Ici, on pourrait évoquer utilement ce qu'on appelle la distanciation hypnotique qui manifeste d'une manière éloquente une autre facette de l'évolution de la science.
    On sait que l'hypnose est un état naturel, mais un état de conscience modifié. Et la science reconnaît aujourd'hui que l'hypnose est un état d'hypercontrôle permettant à une personne d'avoir des capacités supplémentaires par rapport à l'éveil simple. Ce contrôle peut être volontaire, voulu, ou involontaire, acquis, comme dans le cas d'isolement de tout ce qui nous entoure quand on est plongé dans une activité prenante, comme avec la lecture que quelque chose d'intéressant.
    Or, l'hypnose est une pratique ancienne longtemps scientifiquement déconsidérée! Et si elle est l'objet, aujourd'hui, d'un réel intérêt, c'est que la science a évolué, repoussant les limites de son ignorance. Ainsi admet-on désormais, grâce au développement de l'imagerie cérébrale, que le fonctionnement du cerveau est différent sous un processus hypnotique; l'imagerie médicale [IRM fonctionnelle] montrant même une connectivité du cerveau modifiée en état d'hypnose.
    Aussi, après avoir été raillée comme irrationnelle, l'hypnose n'est plus n'importe quoi aujourd'hui, surtout pour les médecins hypnothérapeute pour qui elle est une véritable médecine faisant l'objet d'un diplôme universitaire depuis 2001 en France (diplôme d'hypnose médicale à la Pitié-Salpêtrière, relevant de la Faculté de médecine Pierre et marie Curie, Paris-VI, par exemple).
    Après ce détour, et revenant à l'intuition de Diderot et son matérialisme enchanté, on peut bien comprendre, maintenant, que la matière puisse s'avérer sensible puisque l'esprit qui est mouvant devient inertiel en s'incarnant; pourtant, nous pensons communément que c'est l'incarnation qui est la vie et qui résume la sensibilité, alors que la désincarnation ou la mort nous semble l'insensibilité absolue.
    Nous recommandant de Diderot, entre autres, nous pouvons donc dire que la sensibilité de la matière n'est pas nécessairement ce que l'on pense, qu'elle est probablement bien plus large que ce que l'on croit et que le mouvement n'est pas nécessairement antinomique avec l'inertie, comme l'inertie n'est pas une absence absolue de mouvement.
    C'est que le réel nous reste voilé, notre perception ne nous en donnant qu'un aperçu qui est à la mesure du développement de nos sens, de notre sensibilité. Si celle-ci est assez enchantée, elle traduit alors cette impression vive mais inexplicable par la perception et la science actuelle, mais pas fatalement par la science future. Aussi, ne relève-t-elle pas nécessairement de la magie ou du sortilège et encore moins de l'illusion ou de la mystification, juste parce qu'elle est une manifestation inexplicable par nos connaissances scientifiques d'aujourd'hui!
    En un mot comme en mille, le Sapcespirit n'est donc qu'un espace comme un autre où la pensée se matérialise en esprit, à la fois de façon visible et invisible, matérielle et immatérielle, dans une interaction à laquelle ne sont sensibles que les plus sensitifs, ceux qui y pensent justement et donc qui réussissent à y entrer en connexion. Pour prendre un exemple banal, tout se passe donc comme avec une communication téléphonique qui ne s'établit qu'en prenant le soin de connaître le numéro à appeler et le composer le numéro, et d'abord de décrocher le combiné et aussi d'avoir le combiné téléphonique. Ceux qui n'y croient pas ne font que nier l'existence de la communication et ce soit faute d'établissement de la communication, soit faute de ligne téléphonique ou toute autre raison contingente.

SPIRITISME POSTMODERNE (6)

In-visible et  Un-visible
ou
les deux faces de notre réalité 


    Notre réalité n'est plus ce qu'on croyait. Elle ne se réduit pas — et en aucune façon — à ce qui est visible.
    Et l'invisibilité n'est pas uniquement celle qui échappe à l'oeil nu, mais aussi celle qui est décelable avec les appareils électroniques sophistiqués, par exemple; mais pas seulement.
    Car, nous ne possédons pas tous les appareils nécessaires pour voir ce qui existe, tout en nous restant invisible. Aujourd'hui, nous sommes réduits à le pressentir, à en parler par intuition, comme longtemps l'a fait Higs pour son boson avant qu'il ne soit officiellement et scientifiquement admis.
    Aussi, nous partons de cette évidence pour nous que les deux plans visible et invisible sont en fait une seule et même réalité.
    Et nous osons affirmer que nous avons affaire à une sorte d'Un-visible et non de deux! Cette double facette ne se voyant pas simultanément ou, du moins, quand l'un est à l'endroit, l'autre devant être à l'envers, étant l'avers du premier qui n'est donc que son envers; et vice-versa.   
    C'est pour cela que je propose d'écrire désormais l'invisible spirite de la sorte : Invisible, et la réalité incluant les deux plans intimement liés que sont notre monde visible et le monde invisible, dont on relève qu'on le veuille ou non, et plus communément qualifié d'au-delà : Un-visible.
    Dans l'In-visible, le In peut être, d'un côté, cet adjectif référant au fait d'être dans notre champ, visible, comme on le dit d'une voix in. Ce serait alors l'invisible de spirite qui ne doute pas que les esprits soient parmi nous.
    Par contre, cela renverra, pour ceux qui ne le croient pas, à l'off classique qui n'est qu'illusoire, tout off étant in.
    En adjectif aussi, le In pourrait être, en emploi familier, le fait d'être à la mode, ce que pensent les sceptiques des croyances spirites, faisant relever d'un simple effet de mode, à la faveur du retour au spirituel marquant notre époque, le fait que ces croyances gagnent du terrain sur le plan scientifique.
    Dans cet In-visible, le In implique aussi cet au-delà qui est bien plutôt un « in-delà » qui est aussi un « in-deça », l'en-delà et l'en-deça n'étant que les deux extrémités de cet In qui est delà deçà notre visibilité; deça quand c'est visible à l'oeil nu, delà quand ce n'est visible qu'à l'ultramicroscope et autres instruments d'optique sophistiqués.
    Dans l'Un-visible, le Un réfère bien évidemment à l'Un, Dieu le créateur, mais aussi à cette unicité de l'univers pour les athées ou les matérialistes.
    Et le réel, dans tout cela, me diriez-vous? À cette question, je répondrai volontiers par une autre : La réalité, c'est quoi?
    Dans une conférence donnée récemment à l'Université et dont on peut prendre connaissance ici, l'éminent scientifique Bernard d’Espagnat apporte, sur la question, la réponse de la physique qui va dans notre sens.
    Rappelons d'abord que d’Espagnat est assurément le physicien qui a su le mieux analyser les conséquences philosophiques des données de la physique quantique et qui font, auprès des physiciens classiques, l'effet d'un véritable séisme intellectuel et épistémique.
    Or, comme on le voit à la lecture de sa brillante conférence, ses affirmations consistant à récuser les représentations que le matérialisme philosophique se faisait de la réalité, nous indiquent clairement que l’être n'est jamais réductible au paraître, que le spectacle n’explique nullement le spectateur, ni la théorie le théoricien, et que, s'il y a une réalité indépendante de notre esprit, elle ne peut être, comme il le propose et le démontre si brillamment, que « lointaine » et « voilée », insaisissable par notre entendement qui ne peut seulement qu’y penser et l’évoquer analogiquement et symboliquement.
    Mais la question demande de plus amples développements. Et nous y reviendrons par le menu dans la prochaine chronique.

SPIRITISME POSTMODERNE (5)


La pensée entre le mouvement et l'inertie
L'Esprit inertiel et l'Esprit mouvant

 
    Il est deux états pour l'être vivant, le mouvement ou l'inertie, et à chaque état est liée une force, les deux étant une manifestation de cet état, pouvant être de stase ou d'écoulement.
    Le mouvement peut n'être que purement intellectuel, de la pensée; et l'inertie se parer de l'agitation la plus débridée.
    C'est le mouvement qui fait la vie, y compris dans sa déclinaison non habituelle, sa dimension fondamentale qu'est la mort, ce prolongement bien intrinsèque à la vie dont le phénomène de la palingénésie dans la nature (celui du vers à soi est ainsi l'une de ses plus spectaculaires illustrations) en étant la preuve scientifique par excellence.
    Et c'est l'inertie qui contrarie la vie, n'en faisant donc pas la mort, mais une illusion de la vie, et forcément l'illusion de la mort, l'autre facette de la vie.
    Car le mouvement peut être soit une réalité soit une illusion, comme l'inertie peut donner l'illusion du mouvement tout en n'étant qu'une absolue inertie.
    Or, c'est cette illusion qui s'impose à nos vues le plus souvent et non la réalité; cette dernière, en notre monde physique, n'étant essentiellement que produit d'illusion.
    De fait, qu'est-ce que l'illusion sinon une vision que l'on croit juste être non vraie? Ce n'est certainement pas la nature même de ce qu'on croit être ce qu'il est ou ce qu'il n'est pas, que le contenu de notre pensée qui fait ou défait l'illusion et, du coup, donne la réalité ou l'occulte.
    À ce niveau, comme en d'autres, le rôle de la pensée reste éminent.
    Et nous y revenons ! Tout est encore question de notre pensée; tout s'y construit et s'y déconstruit. Une pensée peut certes être objective, mais elle ne l'est qu'en apparence. Car il n'est nulle objectivité pour une pensée qui ne peut, par définition, se concevoir en dehors de l'esprit, qui est fondamentalement l'esprit même.  
    Quelles conséquences devons-nous tirer donc de ce qui précède?
    — Que l'esprit incarné est un esprit inertiel ou qui « s'inertie », néologisme que nous proposons pour signifier cet état d'entrée dans l'inertie de la vie, et qui pourrait se substituer à l'incarnation.
    En effet, en parlant d'Esprit incarné, on met davantage l'accent sur la matière; or celle-ci est certes importante, mais elle reste secondaire eu égard à la réalité suprême qu'est l'Esprit. Par contre, parler d'Esprit inerte ou qui s'est « inertielisé » (néologisme spécifiant l'entrée dans l'état inertiel) pour dire qu'il s'est incarné permet de mettre tout l'accent sur l'esprit et spécifier en quoi consiste cet état d'incarnation.
    — Que, pareillement, pour la désincarnation, il échet désormais de parler d'Esprit mouvant, soit l'Esprit en mouvement, et donc réellement en vie, qui s'est libéré de son inertie terrestre, son état d'incarnation classique.
    L'avantage de ces nouvelles expressions est moins dans la pure envie d'innover que de spécifier mieux des réalités qui commencent à dater et perdre leur sens initial, et surtout ne plus en avoir du tout.
    Qu'est ce en effet qu'un esprit incarné sinon un esprit engourdi par la matière, diminué par sa gangue au point d'être ramené à l'état absolu d'inertie?        
    Et qu'est-ce un esprit désincarné sinon qu'un esprit retrouvant pleine possession de son mouvement, entrant dans la mouvance suprême qu'est la vraie vie cosmique?
    Se désincarner, c'est donc se mettre en mouvement ou retrouver le mouvement; et cela confirme l'intuition populaire que la mort est un voyage, un déplacement, donc un mouvement.
    Et s'incarner, c'est ainsi « s'inertieliser », devenir inertiel, soit entrer dans l'inertie qu'est la vie matérielle de l'Esprit. Car, sous la matière il y a toujours l'Esprit, combien même il serait quasiment inerte; sans lui, il n'est nulle vie. Sans lui, on n'est plus, au pire, à l'état d'inertie, mais
    Car, doit-on rappeler que l'inertie reste le manque d'énergie, de mouvement. C'est aussi le raidissement ou l'état de ce qui est inerte, n'a pas de mouvement, d'activité.
    Or, être inerte ne veut pas dire être sans vie. Au pire, c'est être sans connaissance, gisant ou inanimé au sens de manquer de mouvement ou de connaissance. Car ce n'est qu'en l'absence de l'Esprit que le corps devient inanimé au sens de manquer de vie. Et dans cet état-là, il n'est plus rien, même pas une inertie; et ce qui faisait son essence, l'Esprit continue à exister en dehors du corps revenu au néant ou appelé à y revenir, mais libre cette fois-ci.
     Rappelons, par ailleurs, que dans une chronique précédente, nous avions déjà précisé que l'Incarné était le Visible et le Désincarné l'Invisible. On doit donc ajouter maintenant, après ce qui précède et pour être complet, que ce Visible est inerte ou l'Inerte et que l'Invisible est Mouvant ou le Mouvant.
    Aussi, l'Esprit incarné ou vivant est un esprit visible inertiel et l'Esprit désincarné ou mort est l'Esprit invisible mouvant.
    Il s'agit moins de synonymie que de complémentarité d'états dans la terminologie que nous proposons même si les termes de visibilité et d'inertie, d'un côté, et d'invisibilité et de mouvance, de l'autre, doivent être considérés comme équivalents tant que l'on parle du plan spirituel, que l'on évoque l'état de l'Esprit.
    Nous pensons que notre terminologie a ainsi le mérite, par rapport aux catégories classiques d'Incarnation et de désincarnation, d'être plus pertinente, épiphanisant l'essence même de ces deux états complémentaires de l'Esprit.        

SPIRITISME POSTMODERNE (4)

La pensée, essence de l'Esprit

 Divhum et Mésotérisme

    Nous avons déjà noté dans une précédente chronique l'importance de la pensée à nos yeux et son rôle majeur d'instrument privilégié de la communication entre les Esprits.
    Or, cette importance ne se limite pas à pareil aspect essentiel, puisqu'elle constitue, pour nous, l'essence même de l'esprit. Qu'est-ce l'esprit, en effet, sinon une pensée? Mais pas n'importe quelle pensée, toutefois; une pensée élevée, déconnectée des contingences matérielles, une pensée en compendium de ce qui fait la noblesse de l'homme, sa richesse spirituelle.
    On a pu dire que l'être humain est caractérisé par sa pensée. Et c'était déjà spécifier en lui ce qui le distinguait de l'animal, soit son principe pensant.
    Il est sûr que l'animal n'est pas moins doté d'une certaine forme intelligente, mais elle n'en fait pas une créature pensante comme l'être humain. C'est bien la preuve que ce principe pensant est encore plus que cette matière qui compose cet humain; elle ne saurait être réduite à ce qu'il peut y avoir en lui d'organique, sinon elle se serait retrouvée chez l'animal le plus proche de l'homme de par son facteur intelligent. Or, on n'a jamais vu dans la nature de créature qui soit capable de penser comme l'être humain.
    C'est bien une preuve que la pensée en l'homme vient de son esprit. Et ce n'est qu'auprès des hommes les moins matérialisés ou les plus spiritualisés que cette pensée se développe et se manifeste au mieux de ses spécificités. Car ce qu'on appelle pensée n'est souvent qu'un aspect infime de ce qu'elle est au vrai. Celle qui se décline en son sens noble, complet, celui qui nous occupe ici. La pensée faite ce verbe qui fait l'homme.
    Certes, la pensée n'est pas nécessairement déconnectée de la matière, en ce qu'elle peut agir, et doit même le faire, au sein de la gangue physique que suppose l'incarnation. Il n'en demeure pas moins qu'elle suppose une certaine maîtrise de l'esprit sur la matière pour s'élever au rang de pensée utile, celle faisant non seulement l'honneur de l'humanité, mais aussi l'essence de sa composante la plus spiritualisée.
    Car, la pensée peut aussi se  retrouver soumise à la matière quand l'esprit n'en est pas suffisamment dégagé tout en ayant conscience de son essence. Cela donne lieu alors, au mieux, la pensée en sons sens banal dont nous parlons et, au pire, à ces pensées dévoyées, inutiles ou malfaisantes. Et c'est ce qui justifie la nécessité du travail sur soi, de l'effort pour l'Incarné de s'élever au-dessus de sa condition physique en vue d'une assomption pleine de sa composante essentielle qu'est l'esprit . Et cet esprit se manifeste par la pensée et la pensée le manifeste. Autant elle est condensée, incandescente, noble et élevée, autant l'esprit s'élève au-dessus de sa condition physique, maîtrise en lui la matière et finit même par la contrôler.    
    On sait, d'ailleurs, que la capacité de raconter des histoires, ou ce qu'on appelle imagination narrative, est au coeur du mécanisme de la pensée, puisque toutes nos connaissances, nos idées et pensées se présentent sous forme d'histoires; celles-ci étant un moyen majeur pour donner sens aux choses et un repère permettant la planification du présent et la projection dans le futur. Notre pensée, notre esprit donc, est littéraire, c'est une littérature, une culture qui s'écrit en pensées, car si elle reste à l'état oral, elle ne laisse, à peine, que trace qui s'efface combien même elle aurait existé et marqué son temps.
    Par oral nous n'entendons pas ce que se transmet par la voix ou la bouche, mais ce qui n'est que son, s'opposant à l'écrit, au scripturaire ou scriptural, soit le graphique qui représente quelque chose de concret par des traits (de caractère, par exemple) ou des figures (de style, entre autres).
    La pensée écrite est donc ici l'esprit se mettant en scène et s'incarnant à travers une façon d'être, l'expression d'une idée; c'est sa manière de s'activer dans la matière, de lui imprimer son empreinte, de s'y exprimer au lieu que ce soit elle qui s'exprime par-dessus et à travers lui.  
    Or, ce passage de l'oral à l'écrit et cette gradation dans la littérature, du travail d'alphabétisation à l'oeuvre de maître en passant par la littérature de gare et autres menus travaux, sont l'échelle d'élévation des esprits, de la pensée absente, quoique présente en puissance, à la pensée de haute volée littéraire. 
    Et l'importance de la pensée est aussi dans sa fonction de manifestation décisive de l'éternité des esprits. En effet, c'est à travers leurs idées traduites dans des pensées qui durent que nous vérifions au concret que les esprits sont éternels.
    Peu importe alors que ces pensées soient attribuées parfois à des êtres différents qui, à travers les âges, ne sont peut-être que le même esprit; ce qui importe, c'est bien la pensée, et c'est autour d'elle que se retrouvent les esprits, par ce phénomène d'attraction liant les semblables entre eux. Or, il en va de même pour les pensées, celles qui sont les plus fortes devant émaner d'un même esprit, s'étant raffermi à travers ses expériences multiples à travers le temps. 
    Notons aussi que lorsqu'on dit que la pensée ou l'esprit peut agir sur la matière, c'est dans le sens ainsi défini d'une pensée agissante ou d'un esprit éveillé, prenant la direction du corps dans lequel il est enserré. Sinon, son action combien même elle est déterminante, ne l'est qu'en puissance, soit une volition ou une volonté non suivie d'action la concrétisant.
    Et rappelons que la structure du caractère humain est faite d'histoires et de thèmes moraux qui sont à la source des sentiments dont ils sont consciemment ou inconsciemment la référence. Car le langage n'est que ce facteur médiateur constituant l'identité humaine à partir d'une nouvelle organisation de notre expérience ainsi constituée, donc une ligne narrative de la vie.
    Cette ligne n'est donc qu'une ligne de pensée et en elle s'exprime l'esprit en trait, en point ou en pointillé selon son degré d'épiphanie en son corps matériel. Le corps mystique des croyants n'est ainsi qu'une pensée pleinement épiphanisée en une matière réduite à sa plus faible expression, une expression pas nécessairement simple, car complexe, mais pas suffisamment agissante pour n'accomplir que la fonction de base inhérente à l'incarnation physique.
    C'est ce qui a autorisé certains soufis à se déclarer le réceptacle du divin, toute matière en eux s'étant évaporée par le biais d'une pensée élevée ayant atteint le suprême degré, le Principe pensant ultime, la Vérité soufie.
    C'est en sens que, rejoignant les ésotéristes (sans reprendre toutes leurs vues, faisant en quelque sorte du mésotérisme, un ésotérisme mineur ou mitoyen, de moyenne portée), on peut dire que la pensée est cette idée créatrice dans le plan mental humain revêtu du sentiment, seul créateur dans tous les plans, humain et divin. Elle permet donc de relier les deux plans dont relève l'être : le plan humain de par son incarnation, et le plan divin dans l'état de désincarnation.
    Car le sentiment, à travers la prière — mais pas seulement, et on a déjà vu que la vraie prière est celle faite en pensée —, permet d'atteindre aux plus hautes influences en action dans le plan divhum, un néologisme que je propose, par contraction des deux plans humain et divin, comme synthèse de ce plan unique que les soufis connaissent parfaitement bien.
    Symboliquement, ce plan divhum peut être soit celui du Christ, Dieu venu en chair, par exemple et pour le chrétien, soit celui de l'humain extasié, devenu la Vérité, pour le musulman soufi.   
    C'est le grand mystère du plan des plans, un mésotérisme donc, véritable ésotérisme comme science des adaptations cardiaques mais en totale symbiose avec une conscience des pulsations de l'être fini diffus dans l'infinité de l'Être infini, grand Être et petit cosmos unis ou unifiés.
    Et c'est la pensée élevée, décrite ci-dessus, qui en est le liant, qui en scelle l'union.

SPIRITISME POSTMODERNE (3)


Du périsprit à l'espritpéri*
* On pourrait aussi écrire espripéri ou esprit péri.

On connaît le périsprit et la théorie classique s'y référant. 
Le spiritisme postmoderne suggère en la matière une nuance capitale, celle de limiter l'existence du périsprit à la condition incarnée de l'esprit.
En effet, contrairement à ce que l'on a toujours pensé, le périsprit ne serait pas l'enveloppe fluidique de l'Esprit en toutes circonstances. Il ne l'est que durant son séjour dans le corps.
Après la désincarnation, il reste certes une enveloppe éthérée à l'Esprit, mais elle n'est pas faite de la matière, même éthérée; elle est uniquement une similimatière ou similmatière, en ce sens qu'il ne s'agit que de l'empreinte de la matière laissée sur l'esprit durant son séjour dans le corps physique.
Aussi, plus l'influence de la matière sur l'esprit est grande durant l'incarnation, plus l'empreinte est profonde et plus l'apparence en tant que matière — certes raréfiée, mais matière quand même — est grande. C'est le périsprit classique.
Par contre, plus l'Esprit a été assez dégagé de la matière, s'étant élevé au-dessus de sa condition incarnée, dominant sa nature matérielle, moins celle-ci marque son esprit et moins elle est présente avec l'Esprit une fois désincarné. C'est l'espritpéri. 
Il s'agit alors plutôt d'une marque légère laissée par la matière et qui peut même disparaître assez vite, sans laisser aucune trace, comme la marque qu'on laisse sur une surface en mousse sans mémoire de forme qui, aussitôt la pression terminée, reprend sa forme initiale.  
Cela nous amène, par ailleurs, à considérer que comme l'Esprit n'a plutôt qu'un espritpéri, c'est celui-ci que les incarnés voient donc dans le cadre d'une manifestation spirite. Aussi, plus l'esprit est élevé, moins la possibilité de le voir est offerte à l'incarné, puisque son périsprit est alors un espritpéri. 
Par ailleurs, et cela est logique, ce n'est pas le corps physique de l'incarné que voit l'Esprit, mais plutôt son périsprit. 
Aussi, il n'y a aucun contact possible entre les plans incarné et désincarné en dehors du périsprit et de l'espritpéri. Tout se fait entre matière éthérée ou similimatière.
Par conséquent, les considérations classiques quant au fait que les esprits nous voient tels que nous sommes, dans nos corps physiques, doivent être abandonnées. Elles relèvent désormais des considérations du spiritisme primitif à dépasser.
L'Esprit ne voit de nous, être incarnés, que notre Esprit dans son périsprit. Et les incarnés — et c'est ce qui diffère de ce que nous savons déjà — ne voient l'Esprit désincarné que dans son enveloppe espripériale
Et on est alors conduit à la conclusion que qui explique que l'incarné ne voit pas assez souvent l'Esprit désincarné tient moins à l'absence de volonté de ce dernier de se manifester qu'à l'incapacité de l'Esprit incarné de voir à travers ou en usant de son espritpéri. 
Il doit en quelque sorte entrer en transe ou être en extase, soit se détacher de son enveloppe physique pour se recroqueviller sur son périsprit pour être en mesure d'entrer en contact visuellement avec l'Esprit à travers son espritpéri.
Donc, c'est bien d'un travail qui incombe l'Esprit incarné, un exercice nécessaire et suffisant pour s'élever au-dessus de sa condition et pouvoir investir le second plan de notre réalité, celui des êtres invisibles. 
Car il ne faut pas l'oublier, les Esprits ne sont pas les absents, mais ils sont juste les invisibles. Et ils relèvent d'un plan qui est bien parallèle au nôtre, le recouvrant presque.
Cette opération de recroquevillement de l'esprit incarné sur son périsprit est ce que j'appellerai l'invagination de l'Esprit qui est, en biologie, le repliement d'une cavité sur elle-même. Nous y reviendrons.
 Précisons, toutefois, que si nous avons choisi tout logiquement la terminologie retenue par rapport au terme consacré par Kardec, nous avons aussi pensé au terme « Péri » qui désigne une sorcière ou une fée dans les légendes arabo-persanes. 
 Notons, par ailleurs, que l'inversion évidente du mot originel de périsprit est voulue en un clin d'oeil à la nature de la réalité spirite. 
 Comme chacun sait, en effet, celle-ci est double, composée de deux plans qui s'inversent, l'un n'étant que l'envers ou l'avers de l'autre, mais aussi l'un n'apparaissant à l'endroit à partir de l'autre que lorsqu'il lui est présenté à l'envers. Il en va, par exemple, comme si on regardait par le rétroviseur d'une voiture le mot police écrit sur celle des agents de sécurité; or, il nous apparaît à l'endroit bien qu'il soit écrit à l'envers.
 Mais il sera question plus longuement des divers aspects de ces deux plans visible et invisible de notre unique réalité dans un prochain article.
 Terminons par une ultime remarque, à savoir qu'il ne s'agit dans ce qui précède que d'intuition dont on connaît bien évidemment la véritable origine.

SPIRITISME POSTMODERNE (2)


L'extasié soufi المجذوب, médium postmoderne 
J'ai dit dans de précédents articles que je considère le soufisme comme un spiritisme islamique. Dans le spiritisme postmoderne que je théorise, il va sans dire que trouve une place éminente un tel soufisme, cette richesse spirituelle inouïe qui a té le prolongement entre la spiritualité antique et la nappe phréatique de la spiritualité moderne.
Je parlerai juste ici d'une figure pittoresque bien connue en milieu soufi comme un modèle de sagesse, qui est celle du fou ou dément et que les soufis préfèrent appeler à juste titre : Extasié المجذوب.
Et je voudrais en parler comme un archétype pour une nouvelle appréhension de la démence, cette sénilité que l'on a par trop vite catégorisée comme maladie et qui est peut-être un signe éminent de sagesse, celle qui perçoit l'imperceptible, cet illuminé de la caverne de Socrate.
Rappelons qu'aujourd'hui, dans le domaine médical, le plus sérieux et le plus réputé neurologue et gériatre américain Peter J. Whitehouse l'affirme haut et fort : l'Alzheimer n'est pas une maladie, c'est un mythe. 
Dans son livre coécrit avec Daniel George (Le mythe de la maladie d'Alzheimer. Ce qu'on ne vous dit pas sur ce diagnostic tant redouté, éditions Solal), il insiste sur le fait que le soi-disant malade d'Alzheimer, connaissant des difficultés cognitives, ne doit pas être stigmatisé et on se doit de le laisser vivre sa vie sans l'empoisonner avec un traitement chimique qui, au lieu de le guérir, en fera pour de bon un malade. Et de conseiller un retour à la prise en charge traditionnelle de la vieillesse problématique, celle qui avait cours dans les sociétés traditionnelles.
Or, dans les sociétés arabes musulmanes, le vieux qui commençait à paraître désaxé était catalogué non en paria et rejeté ou au mieux pris en pitié, mais il était vénéré et faisait même l'objet du respect dû à un saint. Et les soufis vont même jusqu'à le considérer en tant que tel. Il est, pour eux, un extasié, celui qui a été attiré par Dieu vers lui, vers sa vérité. Et cette sainteté, malgré le comportement irrationnel de la personne qui n'est pour les non-soufis qu'un aliéné, est un alignement sur le vrai sens des choses échappant aux humains, la vérité divine invisible et incompréhensible du commun des mortels.   
Aussi, l'extasié pour les soufis est-il souvent considéré comme le médium par excellence entre notre monde visible et le monde invisible. D'ailleurs, ne voit-on pas le soi-disant malade d'Alzheimer fixer des figures qui nous sont invisibles, apercevoir ce qui échappe à notre vision, comprendre et deviner nos pensées et réagir par anticipation à tout ce qui, en nous, reste parfois de l'ordre de l'inexprimé, de l'imperceptible?
Réhabiliter aujourd'hui le statut réservé à la démence, surtout la démence sénile, c'est reconsidérer notre appréhension de la sagesse humaine. Car un vieux qui nous paraît sombrer dans le naufrage qu'est une vieillesse mal maîtrisée est un être qui a vécu et qui a de ce fait une expérience de la vie qui ne peut pas ne pas laisser de traces, même si elle nous apparaît singulière. Surtout, qu'elle est fécondée d'une prescience des réalités qui restent pour nous de l'ordre de l'irréalité. 
Demain, grâce à une appréhension meilleure de cette soi-disant maladie d'Alzheimer, l'actuel dément sera l'éclaireur des mondes à conquérir par l'intelligence humaine libérée du diktat de la rationalité imposé par la Modernité défunte.
Demain, l'actuel malade d'Alzheimer sera peut-être le médium par excellence ou l'un des médiums les plus courants, car les plus sérieux. Ce sérieux sera assis sur une expérience d'âge et de vie venant d'un potentiel considérable de sagesse de la réalité, de connaissance de soi et de connexions émotionnelles lui permettant de mieux accompagner l'évolution en cours pour un saut qualitatif qui attend l'homme commun d'aujourd'hui vers l'homme exceptionnel de demain. 
Et cet être humain à venir, cet être «extra-ordinaire», car augmenté, non d'une déchéance physique absolue le réduisant à de la matérialité, mais d'une spiritualisation poussée. C'est que l'homme de demain sera son pas l'homme transhumanisé, mais l'homme spiritualisé.   

SPIRITISME POSTMODERNE (1)


De l'incarné au visible et du désincarné à l'invisible 

À partir de nombreuses séances de communications spirites, ou devrais-je dire stations à la manière soufie vers la néantisation الفناء , comme nouvelle forme d'interprétation de la communication entre les esprits, j'en arrive aujourd'hui à synthétiser ma vision du nouveau spiritisme. 
Elle me semble, en effet, en train de se mettre en place dans une syntonie entre esprits, incarnés et désincarnés et pour cela nous devons désormais plutôt parler pour être plus exacts : visibles et invisibles. 
C'est une première approche du spiritisme postmoderne qui, comme toute  primeur, reste plutôt une ébauche dont l'intérêt est l'éveil des sens que leur fixation sur un objet précis et identifié d'étude.
Et d'abord, pourquoi postmoderne? Parce que c'est l'air du temps, l'ère que nous vivons, même si d'aucuns contestent le vocable, lui substituent un autre comme hypermodernité ou refusent de considérer finie la modernité, ne voyant dans la postmodernité qu'une construction plus théorique que pratique, une illusion d'optique.
Or, justement, même si l'on fait nôtre cette dernière contradiction portée à la réalité de la postmodernité, même si on admet qu'elle est une illusion, ne serait-ce pas alors vivre une illusion, vivre dans l'illusion? Mais qu'est-ce notre vie actuelle d'incarnés sinon une illusion? 
En spirites, ne croyons-nous pas que la vie est au-delà, que la mort est la réalité qui vient souligner justement le caractère bien illusoire de notre vie? En cela donc, la postmodernité, qu'elle soit réalité ou illusion, est bien la caractéristique actuelle de notre époque qui assume la contradiction et l'opposition faisant des contraires une complémentarité allant même jusqu'à inverser les perspectives dans une pensée contradictorielle où le faux peut être vrai sinon est le vrai et ce dernier n'est que le faux supposé vrai et pris pour tel. C'est la dialectique de l'apparent et de l'inapparent, du visible et de l'invisible.
L'incarné est donc le visible, car si on est incarné, on peut n'être pas moins désincarné ou le devenir moyennant une ascèse spirite et une hygiène de vie qui épuisent en nous les constituants matériels, pollinisant notre composante immatérielle, notre seule et véritable individualité qui est spirituelle.
Aussi, on peut être à la fois incarné et désincarné, visible et pratiquement transparent grâce à nos qualités morales qui ne sont que la matérialisation moindre sinon nulle de notre condition humaine et la spiritualisation maximale de nos qualités spirituelles. 
Il en va de même pour un être désincarné en cette ère postmoderne qui sera celle de la rencontre des contraires, de l'harmonie entre les différents plans des réalités, la syntonie entre réel et irréel, visible et invisible, rationnel et irrationnel.
En effet, le désincarné peut être en relation constante avec l'incarné, en pensée surtout, mais aussi en se faisant visible. L'accent étant mis sur la communication à outrance, et c'est déjà la caractéristique de nos sociétés de la communication, le monde virtuel y ayant acquis une importance capitale au point d'y avoir un passage réussissant un quasi-va-et-vient entre virtuel et réel, le virtuel devenant réel et le réel n'étant souvent que virtuel, et on le voit concrètement avec le Printemps arabe et plus particulièrement au laboratoire de la postmodernité qu'est actuellement la Tunisie.
Le plan désincarné est donc le plan invisible et le plan incarné et celui du visible, sachant que les deux plans ne sont deux que par commodité de langage, car ne formant qu'un seul où le réel, le tangible peut être invisible à nos yeux comme c'est le cas avec l'air ou tout ce qui n'est, par exemple, visible qu'à l'ultramicroscope de tant de réalités de notre vie, et où l'invisible n'est plus de l'ordre de l'inexistant ou de l'irrationnel. 
C'est ce qu'on appelle en sociologie, reprenant le terme à la psychiatrie, de coenesthésie ou cénesthésie, et qui n'est que l'impression générale d'aise ou de malaise donnée par l'ensemble des sensations internes.
Un autre terme, un néologisme proposé par le sociologue Michel Maffesoli, est bien adapté à la situation; c'est celui d'écosophie qu'il propose comme substitut à celui galvaudé d'écologie et qui nous ramène à notre mère terre tout en nous élevant dans notre spiritualité.
Michel Maffesoli prône en effet un retour à l’essentielle nature des choses, à «l’invagination du sens» consistant, dans une sensibilité non seulement écologique mais simplement humaniste, à prendre soin de la «Terre Mère», en faire le fondement même de tout être ensemble. Cela accompagne de son point de vue une véritable mutation anthropologique qui est en cours en notre postmodernité qui nous fait sortir du rationalisme classique fait de mépris de la Terre et la dévastation du monde, héritage de la modernité ayant consisté en une mobilisation à outrance de l’énergie, individuelle et collective, vers un paradis céleste ou un paradis terrestre illusoires, pour une façon nouvelle d'être faite d'une raison sensible, d'ajustement succédant à la domination, dans un réapprentissage de la sagesse et de la modération qui sont la caractéristique de la «nature des choses»
N'est-ce pas là le sens de notre visibilité qui est cet enracinement dans la terre, cet humus matériel qui nous fait sans exclure une dépendance du ciel, de tout ce qui est éthéré en notre être et qui permet l'épiphanie, en nous, de l'esprit qui n'est visible qu'au contact de la glaise, mais qui n'est lui-même que dans l'air invisible?

Pour une refondation de la pratique spirite (10)


Considérations sur le travail de rayonnement
J'ai évoqué dans le précédent article le travail de rayonnement spécifiquement à une phase de la vie qui est le deuil, puisque je le propose comme alternative au travail de deuil qui n'a pour conséquence que de nous couper, plus ou moins définitivement, du mode des esprits. 
En effet, si le travail de deuil est utile pour les incarnés, c'est seulement en tant que non-spirites. Ainsi, pour les spirites, pareil travail doit céder la place à un travail de rayonnement qui est aussi, et d'une façon générale, un travail d'illumination.
Pareil travail doit être de mise durant toute notre vie qui est une naissance et une mort constantes, la vie et la mort étant un tout, la même face d'une réalité unique. Cette réalité emporte que vivre doit être une initiation à se préparer à  mourir, car mourir ce n'est rein que vivre vraiment.
De fait, au sens spirite, vivre véritablement, ce n'est pas naître, mais c'est mourir, soit mourir autrement qu'on ne le fait, car c'est mourir à sa fausse nature physique pour vivre sa vraie nature, la nature spirituelle à laquelle on ne peut pas naître puisqu'elle est notre propre nature juste occultée par la matière en nous et qu'on assimile, par défaut mais à tort, à la vie.    
Le travail de rayonnement est, en définitive, comme une posture au seuil d'une porte fermée dont on sait ce qu'il y a derrière pour l'avoir déjà traversée. 
L'incarné se tient, en effet, à l'orée du monde invisible qui déjà n'est qu'une porte factice; or, cette porte est une glace sans tain.
Pour l'incarné évolué, au sens spirite, il sait de quoi il s'agit, car il a déjà été de l'autre côté et/ou s'y rend régulièrement. 
Pour l'inacrné non encore assez évolué, tout ce qu'il voit dans le miroir est la seule réalité; encore la voit-il comme si elle était située devant lui, alors qu'en fait la glace ne lui reflète que ce qui est derrière lui. 
Aussi, il ne se rend pas compte que pour faire face à cette réalité, il lui faut se détourner de la glace et regarder en arrière, derrière lui, ce qu'il croit voir devant lui. Ainsi, et ainsi seulement, il sera enfin dans son monde.
Mais, ce faisant, il n'aura fait qu'un pas tellement petit en direction de la vérité (vers-ité), cet horizon à jamais devant soi. Mais il se sera mis dans la bonne direction, ce qui est, dans le même temps, immense.  Car en ayant pris conscience de cet état des choses, réalisant que l'avers du monde visible est en fait son envers, il n'aura fait qu'une étape insuffisante mais nécessaire.   
Et en continuant le travail sur lui-même, il sera en mesure de savoir qu'il y a de l'irréel dans le réel qu'il voit et que cet irréel est aussi réel, sinon plus réel que son réel habituel qui n'est, en définitive, qu'irréel.
Cela finira, à force de travail de réflexion, d'observation et de méditation, par l'amener à se retourner sur lui-même et le ramène à la glace sans tain qu'il croyait avoir à jamais dépassée comme étape du passé. 
Alors commencera pour lui le travail nécessaire pour accéder finalement à la réalité se situant derrière la glace et qui est invisible sauf pour ceux qui ne voient pas avec les yeux, mais avec les autres perceptions généralement inutilisées bien que présentes en lui. Et il devra, bien sûr, apprendre à les mettre en oeuvre adéquatement !
En fait, tout se passe comme si, dans un ordinateur, on se décide à activer un programme qui est présent mais désactivé par défaut. Une fois qu'on l'aura activé, on entre dans le monde des esprits comme on entre dans le monde virtuel d'internet, à cette différence près que le virtuel des esprits est, quant à lui, bien entré en nous puisqu'avec les esprits, selon la loi du parallélisme des deux mondes visible et invisible, tout se passe avec nous comme pour nous par rapport au monde virtuel auquel on a affaire sur nos ordinateurs.

Pour une refondation de la pratique spirite (9)

Considérations sur la prière spirite :
L'instant éternel ou l'éternité de l'instant spirite
L'espacesprit ou spacespirit(e)


En sociologie compréhensive la plus innovante du moment, celle développée par et autour de Michel Maffeoli, on parle de l'instant éternel qui serait au coeur du donné social une nouvelle éthique de l'existence postmoderne fondée sur l'éphémère, le présent et la jouissance du moment présent, étant libéré des pesanteurs identitaires et rationalistes. 
C'est l'intuition et l'imagination qui meuble cet instant et en le vivant en se laissant guider par une raison sensible désincarnée des considérations de rationalité classiques, on se met en dérive, errant et nomadisant dans un vagabondage initiatique très roboratif de la vie telle qu'elle se donne à vivre. 
Cette temporalité originale est tellement féconde qu'à la manière de l'alchimie, elle débouche sur la saisine de la substance quintessenciée et de la substantifique matière de la socialité, pleine de vitalité sociale, quasiment infinie.
Les spirites devraient méditer cet aspect de la sociologie maffesolienne pour revenir à une pratique plus sûre et moins polluée de l'esprit du spiritisme authentique.
Ainsi, s'agissant de la prière dont on connaît l'importance, elle redeviendra cet instant éternel qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être, et non cette manifestation cultuelle où comptent plus l'ostentation et l'affectation que le sentiment vrai et la pensée pure.
On comprendra alors de nouveau que l'on peut être toujours en prière, chaque instant et d'une manière continue et non par moments ou à des occasions précises, et ce pour peu que l'on apprenne à être attentif à la dimension invisible de notre réalité, complément intrinsèque de sa dimension visible de laquelle nous relevons;
Ainsi, tout autant que l'on sait pertinemment que l'air nous entoure sans y prêter trop attention dans notre vie quotidienne, on doit savoir, mais tout en y accordant en spirites la plus grande attention, que nous baignons dans des ondes et des vibrations qui agissent sur nous autant que nous agissons sur eux par notre attitude et notre comportement, notre façon de penser. Aussi doit-on toujours penser aux esprits qui nous entourent et qui agissent sur nous autant que notre attitude et nos manières d'agir et de nous comporter dans la vie ont des conséquences sur eux, éloignant de nous certains, en attirant d'autres, écoutant attentivement ou distraitement l'un, n'écoutant pas ou pas assez l'autre.
Aussi, si on apprenait à être toujours attentif à ce monde parallèle, on verrait qu'il est si interne au nôtre, bien plus intime qu'on le croit, car il n'existe qu'un monde comme un triangle isocèle, une parallèle où la droite qui est le monde de l'incarnation est parallèle à la droite du monde de la désincarnation qui à en même temps le plan de référence.
Or, la méditation le permet en étant la voie royale pour y accéder —, on en ferait cet instant éternel, cette éternité d'un moment privilégié et le demeurant à l'infini car on l'aura cultivé avec soin, ce moment qui est à la fois hors du temps et dans le temps.
C'est, autrement dit, ce que les spiritualistes, dont nos soufis, appellent l'extase, cette sortie de soi qui est dans le même temps une « enstase », soit une redécouverte de soi, une possession plus grande de notre être, ou sa re-possession et ce faisant, la réalisation de notre unité, de l'Être parfait ou uni des soufis الإنسان الكامل
Qu'importe donc de répéter des mots et des expressions de dévotion ou de faire des gestes et des mouvements codifiés comme si l'on était dans le cadre d'une religion où le culte est prépondérant, la prière n'est pas un rituel, elle est une pensée dévouée, sincère et surtout cette ouverture de soi, du plus intime en soi, à l'autre, surtout cet autre qui est nous-mêmes et qui nous est, de ce fait, encore plus intime tout en nous étant (ou à cause de ce fait) extérieur, l'autre invisible qui se situe derrière le miroir sans tain dans lequel on se mire, croyant n'y voir que notre propre reflet. Pour employer une image littéraire, j'oserai dire que cet autre qui est soi est une sorte de « horlà », un autre qui est hors de nous, loin de nous, et là, bien en nous, au creux de notre intimité, ici et maintenant en permanence.
Il est d'ailleurs deux autres termes de cette sociologie à laquelle je faisais référence ci-dessus que je reprendrais volontiers ici et qui sont la coenesthésie (ou cénesthésie) et l'écosophie. Tous deux symbolisent cet état de parfaite symbiose de l'homme avec son milieu sociétal. 
Pour nous qui voulons aujourd'hui les reprendre à notre compte pour la refondation entreprise de la pratique du spiritisme authentique, nous en faisons la parfaite adhésion de l'esprit incarné dans son monde spirituel en distinguant le spirite, ce qui est de nature spirituelle, du rituel qui relève du rite et de la religion, et faire que le spirituel soit un espace d'esprits soit espacespritavec une légère contraction d'espace et d'esprit, ou spacespirit(e) pour oser un néologisme contractant espace en un anglais universel (space) et spirit(e), librement écrit, à la française ou à l'anglaise.      
Aussi, avec la bénédiction de mon guide spirituel, je propose aujourd'hui de passer du terme ancien de spirituel et qui n'est pas propre au spiritisme au terme nouveau et qui lui serait propre, le spacespirite et ce quand il s'agira de qualifier l'imbrication des mondes visible et invisible, des plans des esprits incarnés avec celui des esprits désincarnés. Il ne serait alors qu'une traduction plus fidèle et plus explicite de l''adjectif ou qualificatif spirite, ce dernier demeurant réservé à l'usage en tant que substantif, désignant comme toujours et en terme générique l'adepte du spiritisme.
Le spacespirit(e) ou espacesprit sera donc, pour nous, la manifestation de l'instant d'éternité du spirite, son instant d'éternelle communication avec les esprits, incarnés comme désincarnés. Car en pareil instant, on réussit la gageure de cesser d'agir selon la matière qui est en nous, parfois envahissante, toujours aux aguets, pour enfin incarner au vrai l'esprit qui est en nous.
Ce n'est aussi rien de moins qu'une nouvelle forme d'incarnation, disons une incarnation postmoderne (et nous y reviendrons), une incarnation certes dans la matière, mais qui la transcende, car épiphanisant en nous l'esprit malgré la gangue matérielle l'entourant nominalement. En soufisme authentique, celui des origines, on retrouve ici la figure du Cheikh, qui est, pour de vrai, un esprit incarné, le guide spirituel en chair et en os. Ce n'est rien de moins que la figure originelle du saint de la tradition chrétienne.
Aussi, grâce à cet instant éternel, grâce à notre écosophie et notre coenesthésie avec l'environnement conçu lato sensu, dans sa dimension imbriquée avec ses deux mondes en parallèle, nous devenons presque semblables aux esprits désincarnés dans notre émancipation de la matière et notre action sur elle, dans leur liberté par rapport à la matière.
C'est que notre instant éternel se situera bien que l'on soit encore sur terre, hors du temps et de l'espace qui ne sont que factices, une convention bien commode pour gérer notre rapport à un saptiotemps qui est fondamentalement spiralesque. Et il sera au diapason de celui que n'éprouve que l'esprit désincarné. 
Alors, l'on aura fait sérieusement se rapprocher davantage les deux plans visible et invisible, incarné et désincarné desquels nous relevons et qui sont bien plus imbriqués qu'on ne le pense communément et qu'on ne veut le croire.

Pour une refondation de la pratique spirite (8)


À propos de l’engourdissement spirite  :
Du travail de deuil au travail de rayonnement
Voici ce qu'a m'a inspiré mon guide spirituel à la suite de ce que j'ai noté précédemment sur le passage du trouble spirite, que je considère comme dépassé, à l'engourdissement spirite.
Il s'agit de considérations allant dans le même sens que j'ai consignées par écrit et que je mets ici à la disposition de mes bienveillants lecteurs.
Il appert que contrairement à l'état qu'on qualifiait de trouble qui s'imposait en quelque sorte à l'esprit désincarné, l'engourdissement lui est imposé directement ou indirectement par l'attitude du ou des esprits incarnés qui assistent à sa désincarnation.
Ainsi, si cette désincarnation se passe hors de toute manifestation négative, soit la forme habituelle du deuil, l'esprit désincarné peut échapper à l'engourdissement et même entrer en contact immédiatement avec les esprits incarnés qui accompagnent sa désincarnation.
Aussi, le poids de l'incarnation n'est plus à considérer dans l'occurrence et/ou la durée de l'engourdissement comme on le croyait jusqu'ici avec le trouble spirite.
Car, l'état d'incarnation et surtout ses implications, quelle qu'a pu être la nature de cette incarnation, s'arrêtent d'avoir des effets sur l'esprit émancipé de la matière et qui est donc en mesure de retrouver aussitôt tous ses moyens et échapper ainsi à l'engourdissement, si son entourage l'y aide et ce, bien évidemment, outre sa propre préparation à se désincarner.
Ainsi, tout se passerait comme avec un enfant qui vient de se réveiller pour se retrouver entouré de visages en pleurs et de cris stridents; cela est bien évidemment de nature à le perturber et, les esprits amis venus l'accueillir dans le monde de l'invisible, ne peuvent que le soustraire à pareille scène qui ne ferait que le stresser inutilement.
Or, comme le travail de deuil continue, l'esprit désincarné même hors engourdissement ne saurait établir convenablement le contact ou pas du tout. Aussi, selon son état et sa nature, ce travail de deuil humain peut le perturber et le maintenir un temps en état volontaire d'engourdissement, et ce comme quelqu'un qui traîne au lit n'ayant pas envie de se retrouver, en quittant son lit, parmi des gens qui l'entourent et qui sont en plein délire en attendant qu'il se lève. 
C'est dire à quel point notre travail de deuil à une influence négative insoupçonnable sur la qualité du rapport que l'on peut avoir avec l'esprit qui sort de notre monde visible pour passer du côté invisible. 
Aussi, à la place d'un travail de deuil, on doit apprendre à faire le travail inverse qui est réellement susceptible d'aider la communication avec l'être qui nous quitte ou, pour le moins, de faciliter son passage de notre monde au monde parallèle des esprits.
Il ne s'agit bien évidemment pas de montrer nécessairement de la joie, au lieu de pleurer, même si on peut parfaitement avoir de la joie pour l'esprit qui nous quitte comme on en a pour un détenu qu'on aime et qui vient de sortir de prison.
L'expression que je propose est celle de faire un "travail de rayonnement". En effet, ce mot vient du verbe "rayonner" qui est assez riche pour exprimer les différents sens qui conviennent pour un travail destiné à remplacer le travail de deuil qui s'avère inutile pour la personne qui quitte sa visibilité, quand il n'est pas stressant et carrément néfaste.  
Ainsi, le rayonnement, comme fait de rayonner, c'est  à la fois 
— exprimer une grande joie, notamment sur le visage, porter l'expression d'une satisfaction d'un bonheur intense; mais c'est aussi
— émettre de la lumière, des rayons lumineux, 
— émettre de l'énergie par rayonnement.
Le rayonnement, c'est donc tout à la fois :
— la vive expression d'un sentiment agréable, d'une joie;
— la mode de propagation d'un flux d'énergie sous forme d'ondes ou de particules; 
— l'ensemble des radiations qu'émet un corps;
— l'influence, la diffusion de quelque chose.
Comme synonymes, le rayonnement est :
— le bonheur; l'allégresse, la béatitude, le bonheur, l'égaiement, l'extase, l'exultation, la gaîté, la gaieté, la joie, la jubilation, le plaisir, le ravissement, la réjouissance, la félicité, la liesse...
— l'éclat : la brillance, l'étincellement, le halo, la lueur, l'irisation, le lustre, le poudroiement, le reflet, la réfraction, la réverbération, le scintillement, la luisance, l'opalescence...
— la radiation : l'émission, l'irradiation, la phosphorescence, la propagation, la radiance.
— la diffusion : la circulation, la communication, la diffusion, la dissémination, l'émission, la propagation...
— l'influence, la gloire, le relief, l'illustration...

Comme on le voit, le mot est parfait pour traduire tout d'abord la joie qu'on doit avoir de voir l'être aimé qui nous quitte se libérer de sa prison de chair pour retrouver toutes ses capacités d'esprit et ce sans nous quitter puisque, quoiqu'invisible, il reste avec nous pour peu qu'on apprenne à ne pas oublier sa présence ou à la réclamer en y pensant. 
Ensuite, il l'est pour traduire la communication qui peut s'établir avec lui grâce à notre pensée, nos émissions, nos radiations et nos fluides. Pareil travail est donc un travail de contact et d'échanges entre deux plans visibles et invisibles qui dorment un tout comme l'aire est inséparable de notre vie même s'il n'est pas visible. 
C'est dire donc que l'expression de travail de rayonnement convient parfaitement pour remplacer le travail de deuil afin de favoriser tout à la fois le passage paisible et serein de l'esprit qui se désincarne du monde visible à l'invisible et de maintenir le contact avec lui, lui évitant un engourdissement inutile.

Il reste à trouver la traduction en arabe de ces expressions. Je propose les suivantes qui restent susceptibles de modification, n'ayant pas eu de à leur sujet communication de confirmation :

Engourdissement spirite : الفتور النفسي
Travail de rayonnement : السطوع

Une pensée pour Kardec


Ma pensée pour Kardec et sa réponse 
en ce jour anniversaire de sa désincarnation :
Spiritualiser la pratique spirite, le spiritisme est postmoderne !

En ce jour correspondant à l'anniversaire de la désincarnation du codificateur du spiritisme moderne en 1869, j'ai eu envie d'adresser une prière à son esprit qui ne saurait être loin.
La prière étant pour moi en pensée, il l'a bien évidemment déjà eue avant même que j'aie besoin de la consigner ici. Et je me suis trouvé en train de noter moins ma prière que la réponse de Kardec.
Ainsi, comme je me suis désolé auprès de lui de l'état de délabrement dans lequel se trouve une doctrine aussi sublime, tombée si bas du fait même de ses propres adeptes, je l'ai entendu me répondre que la meilleure façon de monter si haut est de descendre bien bas. 
À ma plainte de l'usage quasi commercial que font de nombreux spirites de sa doctrine, il n'en fut nullement choqué, l'ayant déjà constaté de son temps, assurant que le spiritisme n'étant pas un temple, les marchands ne sauraient lui porter durablement du tort et qu'en leur sein même naîtraient à terme de bonnes vocations pour le service vrai de la doctrine.
Cette doctrine, me dit-il aussi, confirmant toutes mes recherches en l'objet, est d'ores et déjà postmoderne, que la pléiade prodigieuse de son époque est déjà en activité pour faire du spiritisme la loi fondamentale de tous les êtres humains, sans distinction.  
Il nous faut juste nous rappeler toujours de la nécessité d'accepter les épreuves que nous devons subir et agir pour les réussir, car d'un parcours initiatique les initiés et les élus ne sauraient se passer. À eux de puiser en eux, dans leur spiritualité si elle est éveillée, les forces nécessaires pour l'oeuvre en cours. Sinon, qu'ils se hâtent de réveiller leurs valeurs assoupies, en abandonnant les mauvaises habitudes incrustées en eux par une matière toujours active,   afin de ne pas avoir le sort des anges déchus.
Mais avec ceux-là ou sans eux, le spiritisme postmoderne est déjà en marche grâce à ses élus. Avis aux vrais spirites ! Et que ceux qui m'aiment les suivent!
Ainsi me parla en pensée Allan, en ce jour de sa désincarnation. Mais il ne me dit pas s'il n'était pas déjà parmi nous. 
Car qui sait? Il est peut-être déjà là, à veiller sur nous, à l'oeuvre pour la noble mission élevée de faire du spiritisme la science du siècle!