La pensée entre le mouvement et l'inertie
L'Esprit inertiel et l'Esprit mouvant
L'Esprit inertiel et l'Esprit mouvant
Il est deux états pour l'être vivant, le mouvement ou l'inertie, et à chaque état est liée une force, les deux étant une manifestation de cet état, pouvant être de stase ou d'écoulement.
Le mouvement peut n'être que purement intellectuel, de la pensée; et l'inertie se parer de l'agitation la plus débridée.
C'est le mouvement qui fait la vie, y compris dans sa déclinaison non habituelle, sa dimension fondamentale qu'est la mort, ce prolongement bien intrinsèque à la vie dont le phénomène de la palingénésie dans la nature (celui du vers à soi est ainsi l'une de ses plus spectaculaires illustrations) en étant la preuve scientifique par excellence.
Et c'est l'inertie qui contrarie la vie, n'en faisant donc pas la mort, mais une illusion de la vie, et forcément l'illusion de la mort, l'autre facette de la vie.
Car le mouvement peut être soit une réalité soit une illusion, comme l'inertie peut donner l'illusion du mouvement tout en n'étant qu'une absolue inertie.
Or, c'est cette illusion qui s'impose à nos vues le plus souvent et non la réalité; cette dernière, en notre monde physique, n'étant essentiellement que produit d'illusion.
De fait, qu'est-ce que l'illusion sinon une vision que l'on croit juste être non vraie? Ce n'est certainement pas la nature même de ce qu'on croit être ce qu'il est ou ce qu'il n'est pas, que le contenu de notre pensée qui fait ou défait l'illusion et, du coup, donne la réalité ou l'occulte.
À ce niveau, comme en d'autres, le rôle de la pensée reste éminent.
Et nous y revenons ! Tout est encore question de notre pensée; tout s'y construit et s'y déconstruit. Une pensée peut certes être objective, mais elle ne l'est qu'en apparence. Car il n'est nulle objectivité pour une pensée qui ne peut, par définition, se concevoir en dehors de l'esprit, qui est fondamentalement l'esprit même.
Quelles conséquences devons-nous tirer donc de ce qui précède?
— Que l'esprit incarné est un esprit inertiel ou qui « s'inertie », néologisme que nous proposons pour signifier cet état d'entrée dans l'inertie de la vie, et qui pourrait se substituer à l'incarnation.
En effet, en parlant d'Esprit incarné, on met davantage l'accent sur la matière; or celle-ci est certes importante, mais elle reste secondaire eu égard à la réalité suprême qu'est l'Esprit. Par contre, parler d'Esprit inerte ou qui s'est « inertielisé » (néologisme spécifiant l'entrée dans l'état inertiel) pour dire qu'il s'est incarné permet de mettre tout l'accent sur l'esprit et spécifier en quoi consiste cet état d'incarnation.
— Que, pareillement, pour la désincarnation, il échet désormais de parler d'Esprit mouvant, soit l'Esprit en mouvement, et donc réellement en vie, qui s'est libéré de son inertie terrestre, son état d'incarnation classique.
L'avantage de ces nouvelles expressions est moins dans la pure envie d'innover que de spécifier mieux des réalités qui commencent à dater et perdre leur sens initial, et surtout ne plus en avoir du tout.
Qu'est ce en effet qu'un esprit incarné sinon un esprit engourdi par la matière, diminué par sa gangue au point d'être ramené à l'état absolu d'inertie?
Et qu'est-ce un esprit désincarné sinon qu'un esprit retrouvant pleine possession de son mouvement, entrant dans la mouvance suprême qu'est la vraie vie cosmique?
Et qu'est-ce un esprit désincarné sinon qu'un esprit retrouvant pleine possession de son mouvement, entrant dans la mouvance suprême qu'est la vraie vie cosmique?
Se désincarner, c'est donc se mettre en mouvement ou retrouver le mouvement; et cela confirme l'intuition populaire que la mort est un voyage, un déplacement, donc un mouvement.
Et s'incarner, c'est ainsi « s'inertieliser », devenir inertiel, soit entrer dans l'inertie qu'est la vie matérielle de l'Esprit. Car, sous la matière il y a toujours l'Esprit, combien même il serait quasiment inerte; sans lui, il n'est nulle vie. Sans lui, on n'est plus, au pire, à l'état d'inertie, mais
Car, doit-on rappeler que l'inertie reste le manque d'énergie, de mouvement. C'est aussi le raidissement ou l'état de ce qui est inerte, n'a pas de mouvement, d'activité.
Or, être inerte ne veut pas dire être sans vie. Au pire, c'est être sans connaissance, gisant ou inanimé au sens de manquer de mouvement ou de connaissance. Car ce n'est qu'en l'absence de l'Esprit que le corps devient inanimé au sens de manquer de vie. Et dans cet état-là, il n'est plus rien, même pas une inertie; et ce qui faisait son essence, l'Esprit continue à exister en dehors du corps revenu au néant ou appelé à y revenir, mais libre cette fois-ci.
Rappelons, par ailleurs, que dans une chronique précédente, nous avions déjà précisé que l'Incarné était le Visible et le Désincarné l'Invisible. On doit donc ajouter maintenant, après ce qui précède et pour être complet, que ce Visible est inerte ou l'Inerte et que l'Invisible est Mouvant ou le Mouvant.
Aussi, l'Esprit incarné ou vivant est un esprit visible inertiel et l'Esprit désincarné ou mort est l'Esprit invisible mouvant.
Il s'agit moins de synonymie que de complémentarité d'états dans la terminologie que nous proposons même si les termes de visibilité et d'inertie, d'un côté, et d'invisibilité et de mouvance, de l'autre, doivent être considérés comme équivalents tant que l'on parle du plan spirituel, que l'on évoque l'état de l'Esprit.
Nous pensons que notre terminologie a ainsi le mérite, par rapport aux catégories classiques d'Incarnation et de désincarnation, d'être plus pertinente, épiphanisant l'essence même de ces deux états complémentaires de l'Esprit.